Cet été, l'édition Summer des LDG va arborer sa nouvelle forme, chaque année les champions désignent la thématique de l’année suivante ! Le week-end du 17/18 Juin 2023 verra la francophonie à l’honneur ! En effet, en août dernier, Oori obtient sa première étoile, et choisit le thème de cette année : le jeu vidéo Francophone ! Une fois cette thématique définie, l’évènement retrouve une formule plus classique : 2 jours de compétition, 1 mois d’entrainement, des équipes de deux joueurs, 5 jeux choisis par les participants !



Alors, on ne va pas faire semblant de ne pas voir l’éléphant au milieu de la pièce, on pourrait organiser une compétition entière en s’appuyant sur les jeux d’Ubisoft. Installée des deux côtés de l’Atlantique, l’entreprise représente fièrement les deux régions qui vont nous intéresser lors de cette présentation : le Québec et la Métropole. En effet, bien que nos voisins suisses et belges produisent de très beaux titres, on parle bien plus souvent la langue de Goeth dans ces studios que notre belle langue française. Nous sommes donc contraints de mettre ces pépites de côté.








Encore aujourd'hui, Another World est classé parmi les meilleurs jeux francophones de l’histoire, grand-père du jeu de plateforme français, les studios DSI et ASI ont pavé la voie pour le jeu qui fondera la première succès story Ubisoft, Rayman. Mais le jeu de plateforme ne s’est pas arrêté dans les années 90. Depuis 30 ans et maintenant régulièrement, des platformers issus de nos chers studios voient le jour. On peut penser à l’impossible Tintin au Tibet d’Infogrammes, à l’essai d’Ankama Fly’n, sorti en 2012, ou encore à l’excellent The messenger produit par le studio québécois indépendant Sabotage Studio. Mais là où les pépites francophones sont légions, c’est dans un style très proche, certains parlent même d’une évolution ; le roguelike. Sorti il y à quelques semaines, Have a Nice Death est sûrement le dernier exemple en date, mais n’oublions pas le gagnant du Game Award 2018 : Dead Cell.



L’autre grande famille de jeux qui ont fait les succès des studios français dans les années 90, ce sont les point and click. Les lecteurs qui approchent comme moi de la trentaine au moment où j’écris ces lignes doivent se rappeler des heures passées par le paternel à traquer les complots de Versailles ou des soirées passées dans le froid de Syberia. Les studios Microids et Cryo Interactive ont développé des œuvres dont la qualité n’était ni le graphisme ni le gameplay, mais bien l’histoire et la manière dont on la découvrait. Aujourd’hui, Quantic dream, Donthod Entertainment, Scavengers Studio, nombreux sont les héritiers du genre. Les tableaux fixes ont laissé place aux scènes ouvertes en 3D et aux QTE. La richesse de la narration, les choix et leurs conséquences lors des récits d’Heavy Rain, de Detroit Become Human ou encore d’un Life is Strange ont marqué leurs joueurs.


Nous avons abordé l'hégémonie Ubisoft dans l'introduction de cet article, il est temps de revenir à l’éléphant au milieu du couloir. La spécialité d’Ubisoft, tout le monde le sait, ce sont ses triples A en open World. Ils deviennent toutefois depuis quelques années une caricature d’eux même. Cependant, le World Building d’Ubisoft a été un outil incontournable pour faire naître et instaurer des licences connues de tous aujourd’hui : Splinter Cell, Assassin's Creed, Far Cry, Watch dogs... N’oublions pas les chefs-d'œuvre Beyond Good and Evil et Prince of Persia, qui nous rappellent qu’avant de se conformer au moule des open world, Ubisoft savait déjà créer de magnifiques jeux d’aventure au level design linéaire.



Mais le jeu d’aventure est-il chasse gardé des géants montpelliérain et montréalais ? Si quelques studios naissent ça et là (souvent créés par d’anciens membres de la corporation), un studio navigue dans l’ombre du titan depuis maintenant plus de 20 ans : Asobo Studio. Basée à Bordeaux, la petite firme a débuté en développant des jeux d’aventure en 3D pour les licences Pixar. Parfois alliée à Ubisoft, l’entreprise s’est révélée au grand public avec la sortie en 2019 d’un titre récompensé pour sa narration : A Plague Tale : Innocence. Évidemment, d’autres ont tenté leur chance sur les terres d’Ubisoft, et les meilleurs d’entres-eux ne sont pas tombés dans l’oubli, Vampyr de Donthod Entertainement, Styx de Cyanide, ou plus récemment Sifu de Sloclap.



Les lyonnais d’Arkane Studio excellent dans un style depuis plus de 20 ans, ce sont les FPS. Véritable fer de lance francophone du genre avec des titres sortis durant trois décennies tels qu'Arx Fatalis, Dishonored ou Deathloop, leurs développeurs essaient d’explorer et de renouveler le genre à chaque sortie. En parallèle, Ubisoft Montréal développe une franchise où la coopération est au centre du gameplay : Rainbow Six. À l'approche de l’hiver 2015, Le studio Québécois change son fusil d’épaule avec la sortie d’un jeu non pas narratif mais tactique, développé à destination de la scène E-sportive.



Nous venons de le voir, l’entreprise bretonne n'excelle pas que dans un seul domaine, et nous allons maintenant parler de l’héritage d’une de ses séries phares. En effet, en 2006, Rayman quittait sa chère plateforme pour combattre les lapins crétins dans un Party Games complètement déjanté. Les lapins, qui ne pouvaient mieux porter leur nom, ont permis aux développeurs montpelliérains de s’essayer à un style de jeu que seule la méga compet de Titeuf d’Eden Games Studio avait jusqu’alors exploré. Les lapins voleront peu à peu la vedette à Rayman, et de nombreuses suites à leur effigie verront le jour en surfant sur la popularité et le renouveau du jeu vidéo familial, notamment porté par la console la plus vendue de sa génération : la Nintendo Wii.


En 2019, et toujours autour de l’esprit des Party Games, Microids (oui, oui, Microids existe toujours en 2023) décide d’adapter un monument français qui était taillé pour l’exercice, la célèbre émission de France 2 Fort Boyard. Reprenant trait pour trait le déroulé de l’émission et enchaînant les mini-jeux pour progresser dans l’aventure, serez vous surpris si je vous dis que le jeu est un étron fumant ? Mais la France n’en est pas à son coup d'essai concernant l’adaptation de son patrimoine en jeux vidéo à la qualité plus que douteuse. Les créneaux des simulations sportives les plus populaires sont accaparés par les américains d’EA Games ? Pas de problème, laissez donc place à Pétanque le jeu du centenaire !




Blague mise à part, une scène autour de la simulation des courses cyclistes s’est doucement mise en place à partir des années 2000. Les séries Pro cycling manager et les jeux du Tour de France développés par Cyanide connaissent chaque année leur petit succès. L’autre réussite des simulations sportives de nos studios francophones, ce sont les sports extrêmes (Roller, sports de glisse, sports mécaniques…). Le médium Franco-sporto-vidéo-ludique est plutôt hétérogène, les studios proposant un large panel de jeux facile d'accès et participant à augmenter la visibilité de ces sports de niche.


Mais j'aimerais revenir avec vous sur le marché de la petite voiture, car il y à un acteur majeur dont je n’ai pas encore parlé: Nadeo. Racheté par Ubisoft en 2009, le studio développe et sort régulièrement depuis 2003 des opus de leur jeu phare : Trackmania. Cette série a profondément marqué la scène Francophone, grâce à l’organisation des Trackmania Cup de Zerator. Également édité par Ubisoft, la saga The Crew propose une alternative au jeu de courses, cette fois-ci en monde ouvert (Ubisoft reste Ubisoft …). Pour conclure cet arc Vroum vroum, une autre saga emblématique est passée sous pavillon tricolore depuis 2015 : la série de jeux WRC. Titre saisonnier du championnat du monde de rallye, il est maintenant développé par le studio Kylotonn.



Dans un tout autre registre, on ne présente plus Ankama. Ce studio du nord de la France n’a vraiment pas choisi le cheval de bataille le moins farouche pour instaurer leur dynastie. Avec Dofus depuis 2004 et Wakfu sorti en 2012, ce n’est pas un, mais deux MMORPG qu’Ankama développe et met à jour depuis maintenant 20 ans. Travaillant en parallèle sur une série animée, des bandes dessinées, mangas, romans et jeux de société, l’Univers du Krosmoz prend forme et marque durablement la culture vidéoludique francophone. En s’appuyant sur cet univers étendu, le studio s’est essayé à d'autres styles de jeu (TCG, Party Games, Moba) mais sans jamais connaître le même succès qu’avec les Meuporg aux allures de Tactical RPG.



Vous avez dit Tactical RPG ? J’en ai justement un plein sac à vous présenter ! Sans m’attarder ici sur un certain cross over entre des plombiers et des mammifères aux grandes oreilles particulièrement stupides, Commençons avec l’un des pionniers du genre. Au croisement de la simulation sportive et de tempête sur l’échiquier se trouve la saga Blood Bowl ! Prenant place dans l’univers Warhammer, venez incarner le coach d’une équipe de football américain dans un sport où tous les coups sont permis. Vous préférez les ambiances médiévales ? Alors vous avez le choix : Wartales de Shiro games ou Dungeons rushers de Goblinz studio, ces derniers ont même pensé à ceux souhaitant garder le donjon plutôt que de l’attaquer avec Legends of Keepers !



La stratégie en temps réelle à été longtemps laissée de côté par nos développeurs francophones, mais la fin de la décennie a corrigé cette absence avec l’apparition de plusieurs studios spécialisés dans les sous genres de la catégorie : Amplitude pour les 4X, Shiro Games pour les RTS et Passtech Games avec leur Tower Defense. Tout en restant dans le jeu en temps réel, des studios ont choisis de remettre le jeu de gestion au goût du jour. Le jeune studio Unexpected avec le titre As far as the eyes choisit notamment d’y mélanger des mécaniques de tactical et de survie. Les développeurs de Dotemu quant à eux ont remis au goût du jour la référence du city builder : Pharaon.



Pour conclure, le jeu francophone est bien trop riche pour en faire une démonstration exhaustive et j’ai essayé du mieux que j'ai pu de vous le démontrer, et ce, de la manière la plus courte possible. L'inquiétude que je pouvais ressentir avant de me plonger dans ces recherches est complètement balayée. Mais l'âme des LDG reste le choix de ses compétiteurs, ce n’est pas à moi de vous guider vers tel ou tel jeu, je vais donc vous laisser avec le fruit de mes recherches. J’ai recensé une bonne cinquantaine de studios éligibles à notre compétition, alors les voici. À vous de nous proposer la plus belle des compétitions pour cet été !